Comment les labos gonflent les prix des médicaments en accès libre
Une molécule, deux versions. Changer le statut du médicament …..
Alors que le prix « catalogue » des marques a flambé entre 2009 et 2015, selon une étude confidentielle réalisée par la société IMS Health, que Le Monde a pu consulter : + 34 % la boîte de 36 comprimés de Lysopaïne (Boehringer), + 26 % la boîte de 24 pastilles Strepsils, + 23 % la boîte 12 comprimés de Nurofenflash (Reckitt) ou encore + 21 % la boîte de 24 pastilles Drill (Pierre Fabre)…..
Une molécule, deux versions
Afin de mieux maîtriser leur stratégie commerciale, certains laboratoires ont aussi créé deux marques distinctes pour une même molécule, avec une version « sur ordonnance » et une version « sans ordonnance ». Dans le premier cas, elle est remboursable et le prix est fixé par la loi, dans le second cas, le prix peut être plus élevé et l’industriel a le droit d’en faire la publicité auprès des consommateurs. Exemple : le Dacryoserum, une solution ophtalmique bien connue. Sous sa forme remboursable, la dose revient à 15 centimes, contre 17 centimes pour la version non remboursable, commercialisée par le même laboratoire, l’américain Johnson & Johnson, sous le nom de Dacryum.
Changer le statut d’une molécule en demandant son déremboursement est une dernière option.
C’est ce qu’a fait Sanofi en 1999 avec son célèbre Maalox, indiqué pour traiter les brûlures d’estomac. Selon l’étude de Familles rurales, il est vendu en moyenne 5,08 euros, alors que sa version générique et remboursable, commercialisée par Ranbaxy (le Xolaam) est vendue 2,68 euros. L’écart est encore plus frappant quand on regarde le prix auquel ces deux médicaments sont cédés aux pharmaciens : 4,41 euros pour le premier, 1,68 pour le second. « Dans les deux cas, je gagne environ 1 euro, souligne Denis Trouillé, qui tient une pharmacie à Camphin-en-Carembault (Nord). De son côté, le fabricant gagne trois fois plus d’argent avec sa molécule repackagée. »