Produits de contraste : des mesures d’économies au détriment des pharmacies et risquées pour les patients
La loi de financement de la sécurité sociale 2023 prévoit d’inclure les produits de contraste dans les actes de radiologie et autorise ainsi les cabinets à les acheter directement aux laboratoires pharmaceutiques. Cette mesure permet à l’Assurance maladie d’économiser 138 millions d’euros tout en revalorisant de 75 millions les cabinets de radiologie libéraux.
Le 5 mai dernier, afin de préparer la mise en œuvre pratique de cette mesure qui va bouleverser fondamentalement l’approvisionnement en produits de contraste, la Direction de la sécurité sociale a réuni pour la première fois, et moins de deux mois avant son entrée en vigueur, l’ensemble des parties prenantes : représentants des laboratoires pharmaceutiques (LEEM), grossistes-répartiteurs, syndicat de radiologues libéraux, syndicat de radiologues hospitaliers, syndicats de pharmaciens d’officine, assurance maladie.
Au cours de cette réunion, j’ai rappelé la forte opposition de l’USPO à ce dispositif. La quasi-totalité de la chaîne pharmaceutique a témoigné de son unité contre cette décision et a demandé une réunion ad hoc sur sa portée générale.
L’USPO n’a jamais été associée à la décision ; pourtant, le Directeur de la sécurité sociale a confirmé, pendant cette réunion, que des concertations avaient déjà eu lieu avec certains représentants des professions de santé concernées.
J’espère que ces derniers ont désormais pris conscience de l’impact d’un tel accord contre les officines et que leurs élus ont validé cette position en interne.
Sur le principe, cette disposition représente une brèche dangereuse pour la qualité et le monopole pharmaceutiques, indispensables à la sécurité des patients. Demain, d’autres spécialités seront-elles concernées ? Soyez assurés que l’USPO continuera à s’opposer et dénoncer de telles propositions.
Sur la forme, au vu des interventions de chaque représentant pendant la réunion, il semble peu probable que le nouveau circuit de distribution des produits de contraste soit prêt pour le 1er juillet. Les risques de rupture du parcours de soins et de non-accessibilité des médicaments sont donc particulièrement élevés.
La Direction de la sécurité sociale et l’assurance maladie ont cependant assuré que tout serait mis en œuvre pour que la mesure s’applique au 1er juillet. Un arrêté de radiation de remboursement serait d’ailleurs en cours de préparation.
Aussi, et comme je vous l’ai déjà indiqué, je vous recommande d’être vigilants lors de la commande et l’éventuel stockage de ces produits.