Union des Syndicats de Pharmaciens d'Officine (USPO)

Communiqués de presse

RÉGULATION DES DÉPENSES : NE SACRIFIONS PAS L’OFFICINE POUR MASQUER LES VRAIES DÉRIVES 

Paris, le 20 juin 2025 

L’USPO partage pleinement l’objectif collectif de maîtrise des dépenses de santé. Depuis plus de 20 ans, les pharmaciens ont démontré leur engagement en développant avec succès le recours aux médicaments génériques, véritable pilier générateur d’économies. Mais aujourd’hui, les décisions prises par les pouvoirs publics fragilisent dangereusement ce modèle économique essentiel au bon fonctionnement de notre réseau officinal et de l’approvisionnement sûr et continu des patients en produits de santé. 

La baisse des prix souhaitée par l’Etat, via la baisse des remises génériques va engendrer des tensions d’approvisionnement importantes qui ne vont faire qu’aggraver les ruptures existantes. 

  • Une insoutenable baisse des remises génériques  

L’équilibre économique du générique repose sur un modèle fragile : des prix déjà très bas associés à des remises permettant aux officines de supporter leurs charges croissantes. La baisse brutale et unilatérale du plafond de remises génériques :  

  • menace la viabilité économique de nombreuses officines, en particulier dans les territoires ruraux et périurbains ;  
  • déstabilise un mécanisme de maîtrise des dépenses pourtant historiquement efficace et soutenu par la profession ; 
  • engendrera des pénuries sans précédent, alors que la situation est déjà compliquée en termes de rupture de soins des patients ; 
  • a été décidée sans concertation préalable avec les syndicats représentatifs, dans des délais d’application particulièrement courts (19 juin pour une mise en œuvre dès le 1er juillet). 

Cette politique court-termiste met directement en danger le maillage officinal et l’accès aux soins de proximité. Elle impliquera forcément des difficultés croissantes d’accès aux soins, un stress supplémentaire pour les patients quant à l’obtention de leur traitement et un temps humain décuplé pour chaque pharmacie qui essayera de trouver ces médicaments. 

  • L’illusion des biosimilaires comme compensation 

Certains avancent que les biosimilaires compenseront les pertes générées sur le générique. C’est une erreur stratégique majeure car leur déploiement est très hétérogène, concentré essentiellement autour des établissements hospitaliers. Par ailleurs, ils restent quasi-absents de nombreuses officines rurales, contrairement aux génériques qui eux sont omniprésents. Enfin, le volume global des biosimilaires reste aujourd’hui largement insuffisant pour absorber les pertes massives imposées aux génériques. 

L’USPO dénonce depuis de nombreuses années le retard dans la substitution des médicaments biosimilaires et des hybrides ; des retards pour protéger l’industrie pharmaceutique au détriment d’économie légitime qui permettrait aux patients de se soigner dans les mêmes conditions. Ce ne sont pas les pharmaciens qui sont responsables de ce manque d’économies mais les retards administratifs, la pression des industriels pour prolonger leurs brevets de façon artificielle et les prescripteurs qui ne se privent pas d’ajouter “non substituable”. 
 

  • Les véritables gisements d’économies restent inexploités 

La proposition finale de l’Assurance maladie dans le cadre des négociations de l’avenant n°1 à la convention pharmacien en date du 6 juin 2024 comportait les prévisions de dépenses suivantes :  

Or d’après les chiffres d’IQVIA, l’USPO tient à préciser que ces prévisions sur les “paramètres utilisés pour le tendanciel sous-jacent” susmentionnées ne sont pas à la hauteur puisqu’en 2024 :  

  • 4,3% sur la marge dégressive lissée au lieu des 4,8% prévus par la CNAM ; 
  • 1,1% d’augmentation des honoraires, au lieu des 1,3% prévus. 

L’enveloppe COVID se verra baisser de 80% en 2025 puisque les tests ont été déremboursés et qu’il ne reste que la vaccination. Quant au “niveau de remise constant prévu entre 2024-2027″, le gouvernement souhaite déjà le baisser. 

L’avenant n°1 n’était-il pas censé protéger la profession ?! 

Plutôt que de fragiliser davantage l’officine, des réformes structurelles courageuses sont nécessaires. Il faut apprendre de nos erreurs passées :  

  • Humira (R), 8 ans de retard après la fin du brevet pour autoriser la substitution avec un cours de 400 M€ CA/an annuels ; 
  • Roactemra (R) et Stelara (R) : brevets expirés, mais toujours pas de substitution possible malgré leur poids financier élevé ; 
  • Vyndaqel (R) : premier poste de dépense en ville, avec un milliard d’euros annuels maintenus sous couvert de statut orphelin alors que les seuils semblent largement dépassés. 
  • Une explosion incontrôlée des prescriptions coûteuses 

Sous la pression des industriels, la clause de sauvegarde sur les volumes de prescription des médicaments innovants a été plafonnée. Les prescriptions de certaines molécules onéreuses explosent (30 à 50% de plus que dans les pays comparables) sans évaluation rigoureuse de leur apport en morbi-mortalité en vie réelle (IQVIA 2024). 

  • L’USPO appelle à un moratoire et à une négociation structurelle 

L’USPO demande instamment : 

  • le gel immédiat de la baisse du plafond de remises génériques ; 
  • l’ouverture rapide d’une négociation structurelle sur l’ensemble des leviers d’économies disponibles ; 
  • la publication sans délai des textes autorisant la substitution des biosimilaires, génériques, dispositif médicaux et hybrides éligibles ; 
  • la mise en place de mesures d’évaluation de la pertinence sur les prescriptions onéreuses. 

Les pharmaciens restent mobilisés et pleinement disponibles pour continuer à participer à la régulation des dépenses, à condition que les efforts soient équitablement partagés entre tous les acteurs du système de santé. La survie du réseau officinal de proximité et l’approvisionnement des patients ne peut pas servir de variable d’ajustement budgétaire. 

L’USPO des Bouches-du-Rhône (13) a voté lundi 17 juin une décision de “grève illimitée des gardes jusqu’à l’ouverture d’un avenant de redressement”. 

 
La baisse des remises inexorablement imposée par les génériqueurs pour compenser des baisses de prix sera à l’origine de nombreuses défaillances de pharmacies menant potentiellement à des licenciements au sein des équipes et à des non-renouvellement de postes. 

L’USPO est prête à mobiliser l’ensemble des pharmaciens pour que le gouvernement prenne pleinement conscience du danger que représente l’application de telles mesures pour l’avenir du maillage officinal, et qu’il ouvre sans délai une négociation en vue d’un avenant 2. 

Contact presse : Charlotte RIBEIRO LOPES – ribeirolopes@uspo-paris.fr