Union des Syndicats de Pharmaciens d'Officine (USPO)

Communiqués de presse

Réseau officinal en déclin : va-t-on vers la généralisation de déserts pharmaceutiques ?

Comme chaque année, le Conseil national de l’ordre des pharmaciens (CNOP) a établi son panorama de la démographie des pharmaciens pour 2023, et le constat dressé est sans appel : en dix ans, soit entre 2013 et 2023, le nombre d’officines a baissé de près de 10 %. Au total, ce sont exactement 2 028 pharmacies qui ont été rayées de la carte officinale !

Ce sombre bilan vient confirmer les craintes exprimées depuis des mois par l’USPO, dans le cadre des négociations conventionnelles avec la CNAM. Alors qu’elles étaient encore plus 22 000 au début des années 2010, le nombre d’officines s’est progressivement réduit, pour descendre désormais sous la barre des 20 000 dans la France métropolitaine. Par rapport à 2022, la cadence des fermetures s’est même accélérée, avec une hausse de 17,5 % ! Et 2024 s’annonce encore pire, avec déjà plus de 200 fermetures pour le premier semestre.

La plupart des régions sont concernées, y compris les plus dynamiques comme l’Île-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes. Sur les dix dernières années, les départements qui ont connu la plus forte réduction du nombre d’officines, en pourcentage d’évolution, sont l’Allier (-22 %), l’Ariège (-20 %), l’Yonne (-20 %), le Gers (-19 %) et la Corrèze (-18 %).

Pendant que le réseau officinal se meurt, les pouvoirs publics regardent ailleurs. Le document du CNOP le souligne : le nombre d’officines pour 100 000 habitants est passé de 34 en 2013 à 30 en 2023. Chaque jour, ce sont plus de quatre millions de personnes qui franchissent les portes de nos pharmacies pour une ordonnance, un conseil, un dépistage, une vaccination ou un entretien. Devront-ils se résigner demain à faire plusieurs dizaines de kilomètres en voiture pour trouver une pharmacie la plus proche ?

L’avenant économique signé le 10 juin dernier contre l’avis d’une grande partie de la profession ne va nullement enrayer ce phénomène, et c’est la raison pour laquelle l’USPO a refusé de s’associer à cette signature à la Pyrrhus ! L’aide financière pour les pharmacies en territoires dits fragiles sera conditionnée à de multiples critères, et ne concernera au mieux qu’un millier d’entre elles. Elle ne fera que camoufler de manière temporaire de vrais problèmes structurels, liés notamment à un déséquilibre entre la marge dégradée des officines et la hausse continue des charges.

Alors que la campagne électorale pour les élections législatives bat son plein, et que la santé est souvent affichée comme une priorité par les candidats de tous bords, force est de constater qu’aucune mesure significative, et encore moins de feuille de route concrète, ne semble figurer dans les programmes des forces politiques en présence.

Pour tenter de sortir de l’ornière, l’USPO réclame dans les plus brefs délais la rédaction d’un nouvel avenant économique, qui viendra compléter et surtout améliorer le premier, en mettant l’accent sur l’utilisation des médicaments biosimilaires et hybrides.

Comme pour les génériques il y a deux décennies, la généralisation de la substitution de ces médicaments permettra à l’Assurance maladie d’économiser en moyenne un milliard d’euros par an sur les six prochaines années, et au réseau officinal d’avoir ainsi une bouée de sauvetage grâce au partage des économies réalisées.

Il appartiendra à la nouvelle majorité qui sortira des urnes et au nouveau Ministre de la santé qui sera nommé de prendre leurs responsabilités pour montrer leur attachement indéfectible au modèle français de nos pharmacies.

Contact presse – Jérôme Koenig – koenig@uspo-paris.fr