Union des Syndicats de Pharmaciens d'Officine (USPO)

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Été, saison sensible pour la peau : le rôle du pharmacien

L’été, synonyme de soleil, de chaleur et de baignades, est une période où la peau est particulièrement touchée : exposition aux rayons UV, déshydratation ou encore ractions cutanées. Le pharmacien joue un rôle majeur en matière de prévention et de conseil. Facile d’accès, il est en première ligne pour sensibiliser aux bons gestes, recommander des produits adaptés et orienter, si besoin, vers une consultation médicale.

Le vitiligo est une maladie auto-immune chronique caractérisée par une dépigmentation progressive de la peau due à la destruction des mélanocytes. Souvent mal connue, cette maladie peut être également une source de détresse psychologique, en particulier chez les jeunes. Le pharmacien peut être sollicité en première ligne et être amené à conseiller les patients dans leur parcours de soin.

Le pharmacien joue un rôle stratégique dans le repérage des signes évocateurs du vitiligo (ou autres maladies de peau affichantes) chez les patients, notamment lors d’une demande de conseil dermocosmétique (crème hydratante, écran solaire, maquillage correcteur, etc.)

Il peut rassurer le patient sur la pathologie, informer sur la prise en charge (soins et traitements) et conseiller des produits adaptés.  Il joue également un rôle important dans l’écoute afin d’apporter un soutien psychologique et de réconfort. En effet, le vitiligo est non contagieux, mais chronique et il peut avoir un impact sur le plan psychologique.

A l’occasion de l’événement organisé, en lien avec le Collectif Vitiligo, le 22 mai 2025 au Havre sur le thème « vivre sa jeunesse en Normandie avec une maladie de peau affichante : l’exemple du vitiligo, un enjeu d’inclusion et de parcours de soins », l’USPO a rappelé l’importance du rôle du pharmacien dans le parcours de soin des patients et la coordination entre les professionnels de santé.

Le zona est une maladie virale fréquente et douloureuse, causée par la réactivation du virus varicelle-zona (VZV), présent chez 9 Français sur 10. Ce virus, contracté durant l’enfance lors de la varicelle, peut rester dormant pendant des années avant de se réveiller, surtout après 50 ans ou en cas de fatigue, stress ou immunité affaiblie. Il provoque une éruption cutanée accompagnée de douleurs, picotements ou démangeaisons.

Chez certaines personnes, notamment les plus âgées, des douleurs chroniques peuvent persister bien après la guérison : brûlures intenses, élancements violents, hypersensibilité de la peau… Ces douleurs altèrent fortement la qualité de vie (troubles du sommeil, fatigue, perte d’autonomie, dépression) et peuvent durer des mois, voire des années.

Une prise en charge de la douleur complexe

La prise en charge de ces douleurs est complexe : les antalgiques classiques sont souvent inefficaces. Des traitements plus spécifiques (opioïdes, antidépresseurs tricycliques, antiépileptiques, patchs de lidocaïne) sont parfois nécessaires, mais leurs effets secondaires ou leur efficacité limitée compliquent la prise en charge.

La vaccination, notamment avec le vaccin Shingrix, permet de prévenir efficacement le zona et ses complications. Recommandée dès 65 ans, elle est remboursée et facilement accessible en pharmacie.

Face aux difficultés d’accès aux dermatologues et à l’allongement des délais de rendez-vous, la télé-expertise dermatologique en officine se révèle être une solution innovante, humaine et pragmatique.

« La pharmacie est souvent la porte d’entrée dans le parcours de soin et les problématiques dermatologiques font parties des sujets pour lesquels les pharmaciens et les médecins sont les plus consultés.

Certains patients présentent des atteintes parfois inquiétantes ce qui justifie un avis, ne serait-ce que pour déterminer si un examen physique est nécessaire. 

En tant que médecin, la téléexpertise dermatologique en officine a un vrai apport et repose sur un travail d’équipe Pharmacien-Médecin. Le questionnaire médical et les photographies nous permettent de poser un diagnostic et d’orienter le patient au mieux. 

Nous pouvons voir plus rapidement les patients qui le nécessitent et optimiser nos plannings de rendez-vous en fonction des degrés d’urgence pour une meilleure prise en charge de nos patients.

J’utilise personnellement Pictaderm pour la sécurité des échanges et l’excellence de la prise en charge. »

« Nous avons décidé d’innover en proposant un service de télé-expertise dermatologique en partenariat avec la plateforme Pictaderm. Une initiative qui séduit déjà de nombreux patients. Un protocole simple, rapide et sécurisé. 

Lorsqu’un patient se présente à l’officine avec un problème cutané (eczéma, acné, lésions chroniques, mycoses, etc.), deux photos sont prises en haute qualité. Le pharmacien complète ensuite un court formulaire sur l’application en relatant l’histoire de la maladie et les symptômes observés. Moins de 48h plus tard, voire parfois en quelques heures, un rapport médical détaillé est transmis. Ce rapport peut inclure :

  • un diagnostic dermatologique validé par un spécialiste,
  • une ordonnance si nécessaire,
  • une routine de soin personnalisée,
  • et, en cas de besoin, un courrier d’adressage vers un dermatologue en présentiel.

L’accueil de la part des patients est très enthousiaste. Nous voyons revenir des patients qui avaient totalement abandonné l’idée de consulter un dermatologue, parfois depuis des années ! Certains présentent des lésions anciennes, non traitées, par découragement face aux délais de rendez-vous ou à l’éloignement des spécialistes. Le service, rapide, accessible et rassurant, fait l’unanimité. Les demandes sont variées : pathologies inflammatoires, infections cutanées, affections bénignes chroniques, mais aussi lésions suspectes ou esthétiques. Dans tous les cas, l’expertise spécialisée et la rigueur du suivi apportent un gain de confiance pour les patients, et renforcent le rôle de conseil du pharmacien. »

Une nouvelle étape : la dermatoscopie pour les grains de beauté

« Depuis peu, notre officine teste également un service de télé-expertise pour les lésions pigmentées. À la demande de l’équipe médicale de Pictaderm, la pharmacie s’est dotée d’un dermatoscope adapté à un usage officinal. L’outil, très simple d’utilisation, permet de capturer des images de grande précision, idéales pour l’analyse à distance des grains de beauté ou lésions suspectes. Le rendu est excellent et le protocole d’envoi reste identique. C’est un réel plus pour les patients anxieux face à une tache nouvelle ou un nævus évolutif.

Vers une généralisation de la télédermatologie en officine ?

Ce service illustre parfaitement l’évolution du rôle du pharmacien vers une offre de soins élargie et de proximité, en complémentarité avec les autres professionnels de santé. En s’appuyant sur des outils les pharmaciens peuvent participer à la lutte contre le renoncement aux soins, tout en répondant à une demande croissante de réactivité et de simplicité de la part des patients.

Avec des retours très positifs, ce type de service pourrait bien devenir une nouvelle norme dans l’offre officinale, en particulier dans les zones sous-dotées. »

Depuis plus de cinq ans, nous proposons la télé-expertise en dermatologie au sein de notre pharmacie, en partenariat avec l’ARS, car elle apporte une réponse concrète et efficace aux besoins de santé des patients de notre territoire. 

Une réponse à un besoin de terrain

Sur notre zone géographique, les dermatologues sont peu nombreux, avec une distance minimale de 45 minutes de route pour consulter, et des délais d’attente qui dépassent souvent les six mois. Face à cette réalité, de nombreux patients exprimaient de la frustration, de l’inquiétude, voire un renoncement aux soins. En proposant la télé-expertise dermatologique, nous avons la possibilité de leur offrir une solution locale, rapide et fiable.

Une organisation fluide et efficace

Notre pharmacie prend en charge environ 600 patients par an en télédermatologie. Grâce à un partenariat de confiance avec un dermatologue local, nous transmettons les dossiers via un système sécurisé. L’équipe officinale accompagne chaque patient : constitution du dossier, prise des clichés dermatologiques, explication du processus, puis interprétation du compte-rendu. Ce suivi personnalisé est essentiel et largement apprécié.

Malgré le secteur rural, l’absence de contact physique avec le dermatologue ne constitue ni un frein pour les patients, ni une limite pour le médecin. Les outils numériques sont bien acceptés et bien maîtrisés par notre personnel, qui a gagné en compétences et en autonomie dans la gestion de ces demandes. Le dermatologue, de son côté, optimise son temps médical en se concentrant sur l’analyse et le diagnostic.

Un bénéfice partagé par tous

Les retours sont unanimement positifs : les patients sont rassurés et soulagés de ne pas avoir à attendre des mois ou à faire de longs trajets pour obtenir un avis spécialisé. L’équipe officinale trouve du sens et de la valorisation dans cette mission renforcée. Le dermatologue apprécie cette collaboration fluide, qui s’inscrit dans une logique de santé territoriale et d’efficience.

Vers un modèle économique pérenne

Aujourd’hui, ce service est soutenu financièrement par l’Agence Régionale de Santé (ARS), faute d’un modèle de prise en charge clair par l’Assurance Maladie. Nous espérons qu’à terme, une cotation dédiée ou une forme de valorisation pérenne sera mise en place pour permettre à d’autres pharmacies de suivre cette voie et développer ce type de service essentiel, en particulier dans les zones à faible densité médicale ».

« Devant le désert médical de mon secteur en dermatologues, mon équipe souhaitait s’associer à une démarche de dépistage dermatologique, notamment dans le cadre de la prévention des maladies de peau (mélanome, naevus suspects …) ou de la sensibilisation à la santé cutanée. Le dépistage est un réflexe santé pour notre peau et pour nous même. Nous avons choisi Skinmed qui propose aux pharmaciens de promouvoir le dépistage dermatologique.

En quelques minutes dans notre officine, avec un dermatoscope, l’IA analyse la lésion avec une précision exceptionnelle, donnant ainsi un premier avis dermatologique. Les photos sont ensuite envoyées sur une plateforme ou le dermatologue analyse et donne un compte rendu. Selon la gravité de la lésion, il alerte ou non. Lésions suspectes, taches pigmentaires anormales, un diagnostic précoce permet souvent une prise en charge plus efficace. Sur rendez-vous avec des personnes de l’équipe sensibilisées ou lors de journées de sensibilisation, nous menons des actions de dépistage et d’information pour aider chacun à mieux comprendre sa peau, détecter les signaux d’alerte et conseiller au mieux pour adopter les bons gestes au quotidien. »