La pharmacie française court à la catastrophe économique !
L’état économique des pharmacies d’officine est plus que jamais préoccupant. Cette semaine, lors de l’Atelier du GERS et dans les données transmises par IQVIA, les chiffres alarmants de l’année 2024 ont été annoncés, confortant l’inquiétude de l’USPO :
- Le chiffre d’affaires remboursable affiche une augmentation artificielle de +4,8 % (GERS). Or, 79 % de cette croissance est due aux médicaments chers. Cette croissance est illusoire pour les pharmaciens, puisque leur marge est capée. Ces médicaments, pris en charge à 100 % par la CNAM, donnent une illusion de dérapage des dépenses alors qu’il s’agit d’un transfert de l’hôpital vers la ville.
- Les volumes de médicaments et dispositifs médicaux ont diminué de 0,5 % sur l’année 2024 (GERS).
- La marge brute des officines a augmenté péniblement de +0,93 % (IQVIA), alors que l’inflation est à +2 % (INSEE), ce qui équivaut à une perte de valeur pour le réseau.
La perte des produits de contraste est une des explications possibles. Cette mesure, validée par la CNAM, le syndicat des radiologues et l’aval de l’autre syndicat représentatif des officinaux[1], représente une baisse de chiffre d’affaires de 200 millions d’euros, et plus de 40 millions de perte de marge brute.
La baisse des volumes a également été évoquée, en lien avec la signature de la convention des médecins, qui demande en contrepartie une diminution drastique des prescriptions : -10 % pour les antibiotiques et les antalgiques de palier II, -20 % pour les IPP… Sans implication des pharmaciens ni considération des conséquences sur les officines, cela semble absurde.
Tout cela montre bien que la signature précipitée de l’avenant 1 en juin dernier par nos confrères syndicaux et la CNAM n’était qu’une manœuvre politique menant à une catastrophe pour nos officines.
Les conséquences sont déjà visibles pour les pharmacies :
- Des découverts bancaires : 20 % de nos confrères ont une trésorerie négative[2]
- Des créances fournisseurs non recouvertes, les grossistes-répartiteurs tirant la sonnette d’alarme.
- Des liquidations judiciaires et cessations d’activité, comme l’a alerté notamment le Tribunal de Nanterre.
- Des fermetures de pharmacies : 290 fermetures estimées par le GERS en 2024, soit une par jour ouvré. En 2019, ce chiffre était de 197.
Des solutions insuffisantes et inadaptées
Le discours sur les territoires fragiles est de la « poudre aux yeux », permettant aux signataires de sauver la face. Mais la réalité est toute autre, car les chiffres sont têtus. En prime, les ARS sont vivement sollicitées par les élus pour ouvrir des officines dans des communes de moins de 2 500 habitants, fragilisant encore davantage les pharmacies existantes déjà en difficulté, souvent en raison de la perte de prescripteurs.
L’avenant 1 à la convention pharmaceutique est loin d’être à la hauteur des enjeux. L’augmentation de 0,1 euro par ordonnance en 2025, soit environ 3 145 euros par an et par pharmacie, ne représente qu’une hausse de 0,9 % de la marge brute (62 M€), loin de couvrir l’augmentation continue des charges subies depuis trois ans.
À titre de comparaison, le déremboursement des tests antigéniques représenterait une perte de 75 millions d’euros. Pendant ce temps, les signataires de l’avenant se félicitent d’une augmentation de 19,61 % de l’honoraire. Nous sommes loin du compte, et c’est bien pourquoi l’USPO n’a pas voulu signer.
Urgence d’agir
Nous connaissons les délais inhérents aux négociations et à la mise en application des accords. C’est pourquoi il est crucial d’ouvrir la négociation d’un avenant 2 dans les plus brefs délais pour apporter des solutions concrètes et durables. L’avenir de notre réseau officinal et l’accès aux soins de proximité pour nos concitoyens en dépendent.
[1] https://www.lemoniteurdespharmacies.fr/profession/socio-professionnel/perte-du-monopole-des-produits-de-contraste-les-radiologues-sexpliquent
[2] https://www.fspf.fr/wp-content/uploads/2024/10/Enquete-tresorerie-FSPSF-2024.pdf