Prescription renforcée : une énième mesure bureaucratique et inopérante !
À la veille de l’entrée en vigueur du dispositif de prescription renforcée visant à encadrer l’usage des analogues du GLP-1 (Ozempic, Trulicity…) hors indication remboursable, l’USPO alerte sur une politique déconnectée du terrain, fondée sur un empilement de contraintes administratives inapplicables.
Un dispositif inabouti et une absence totale d’instructions
Dès le 1er février, ce dispositif entre en vigueur, mais aucune consigne claire n’a été communiquée en amont aux pharmaciens. De nombreuses questions restent donc en suspens :
- Cette mesure s’applique-t-elle aux nouvelles prescriptions uniquement ou également aux traitements en cours ?
- Quel document justificatif doit être scanné ?
- Quel délai pour éviter une rupture de soins aux patients ?
Faute d’anticipation, les pharmaciens devront gérer seuls les tensions et les incompréhensions avec les patients, sans parler des risques d’indus.
Un harcèlement administratif qui asphyxie la profession
Cette prescription renforcée s’ajoute à une multitude de procédures complexes récemment mises en place par l’Assurance Maladie, sans coordination avec les outils des officines :
- Dispositif ASAFO
- Dispositif METEOR
- Dispositif Carte Vitale contre Tiers-Payant
Ces plateformes accumulent les contraintes sans vision d’ensemble, transformant AMELIPRO en un labyrinthe administratif inefficace.
Une rustine face à l’échec du déploiement de l’e-prescription
Plutôt que de finaliser une ordonnance électronique fiable et interopérable, l’Assurance Maladie multiplie les mesures palliatives. Pourtant, l’e-prescription, obligatoire depuis le 31 décembre 2024, reste incomplète et défaillante :
- Un manque d’interopérabilité : la mise à jour des données d’exécution est décalée, affectant la traçabilité des traitements.
- Une couverture incomplète : elle exclut les prescriptions hospitalières et les téléconsultations, sources majeures de détournements.
L’Assurance Maladie néglige les pharmaciens
Non seulement l’Assurance Maladie impose des mesures inapplicables, mais elle ne répond pas non plus aux questions légitimes des pharmaciens. Ce manque de considération aggrave l’insécurité et l’inefficacité du dispositif. Pour plus de transparence, l’USPO met à disposition sur son site le document de la réunion technique du 22 janvier dernier avec l’Assurance Maladie (CTPPN), permettant ainsi aux pharmaciens de prendre connaissance des échanges.
Dans ce contexte anxiogène, l’USPO demande :
- La suspension immédiate du dispositif tant que son application n’est pas clarifiée.
- L’accélération du déploiement de l’ordonnance électronique pour tous les acteurs.
- Une concertation avec les pharmaciens pour simplifier et harmoniser les procédures et les règles de dispensation.
- Une interopérabilité réelle des outils numériques de l’Assurance Maladie avec les logiciels d’officine.
Les pharmaciens sont des acteurs clés du parcours de soins, et non des exécutants de mesures bureaucratiques incohérentes. Il est urgent que les pouvoirs publics prennent conscience de l’impact de ces dispositifs sur la profession et les patients.
Contact presse
Charlotte RIBEIRO LOPES – ribeirolopes@uspo-paris.fr