Une rentrée très contrastée
Chers Consœurs et Confrères,
J’espère qu’un grand nombre d’entre vous ont pu prendre des congés bien mérités après ces longs derniers mois marqués par une mobilisation inédite de la profession. J’aurais aimé en cette rentrée vous annoncer enfin des bonnes nouvelles et vous garantir que le plus dur était passé. Malheureusement, les derniers chiffres révélés par les trois cabinets d’experts-comptables (Fiducial, KPMG et CGP), à l’occasion de la Journée de l’économie de l’officine organisée par le Quotidien du Pharmacien, indiquent que nos prévisions lors des négociations conventionnelles étaient hélas fondées…
En effet, si le chiffre d’affaires est globalement en progression en 2023 pour nos officines, il n’est pas du tout révélateur de la bonne santé générale des pharmacies, et il masque surtout de réelles disparités entre elles. Cette hausse du chiffre d’affaires résulte en grande partie de la part de plus en conséquente prise par les médicaments onéreux, et n’est donc pas significative pour lire avec précision et sincérité la situation économique des officines.
L’indicateur le plus pertinent pour juger de la bonne santé économique de nos entreprises se trouve dans le taux de marge brute. Or celui-ci accuse une nette baisse en 2023, de l’ordre de 5 %, et passe pour la première fois depuis longtemps sous la barre des 30 % ! Quant à la trésorerie, elle a diminué de -7,4% entre 2023 et 2024. Et selon les experts, qui se basent sur les bilans du premier semestre de l’année, la chute devrait encore s’accentuer pour 2024 !
Par ailleurs, malgré cette hausse globale du CA, il y a tout de même 40 % des officines qui voient leur CA baisser l’année dernière, en particulier celles dont le CA est inférieur à 1,2 millions d’euros HT. Ce qui se dessine en creux, c’est une pharmacie à deux vitesses, entre celles, minoritaires, qui peuvent réaliser les nouvelles missions, embaucher du personnel et générer de la croissance, et celles qui n’ont pas les moyens humains et financiers de se développer, de se diversifier, ou même de maintenir un seuil acceptable de rentabilité.
A l’heure où nous attendons encore un Ministre de la santé, et à quelques semaines des discussions autour du PLFSS 2025, l’USPO entend bien se montrer offensive pour que notre profession ne soit pas la grande oubliée de l’année. Outre l’attente de la parution de plusieurs textes importants (par exemple le renouvellement des ordonnances à trois mois pour les traitements chroniques), nous sommes résolus à obtenir des remises pour les biosimilaires, en encourageant parallèlement leur substitution, sans oublier de freiner les révisions tarifaires à la baisse pour les dispositifs médicaux qui impactent négativement la rentabilité des pharmacies.
Nous avons aussi choisi d’intenter début septembre un recours contentieux auprès du Conseil d’Etat pour dénoncer les modalités de détermination des territoires fragiles dans lesquels de nouvelles officines pourraient venir s’implanter, au risque de déstabiliser celles déjà présentes aux alentours et déjà confrontées à des difficultés. Nous espérons bien avoir gain de cause, même si le combat sera long !
Chacun le constate au quotidien : la signature de l’avenant n’a pas permis d’inverser la spirale négative, bien au contraire. L’USPO continuera le combat à vos côtés pour obtenir plus et mieux dans les mois à venir !