
Retour sur : Les rencontres de l’USPO 2024
Magazine Officines Avenir n°33 – Avril 2025 – Temps de lecture : 6min

Le 6 février dernier, l’USPO a organisé ses 15èmes Rencontres annuelles au ministère de la Santé, avec comme à chaque fois des intervenants de qualité et des sujets au cœur de l’actualité de la profession.
Dans son discours d’ouverture, le président Pierre-Olivier VARIOT a rappelé l’évolution positive du métier de pharmacien d’officine
depuis plusieurs années, grâce notamment aux nouvelles missions en matière de prévention,
de dépistage et de vaccination. Son rôle d’acteur clé du système de soins est désormais bien ancré, en particulier auprès
de la population.
Il a toutefois souligné les problèmes que connaît le réseau depuis la sortie de la crise sanitaire, notamment en matière économique, avec des charges de plus en plus importantes, et qui et loin d’être compensées par des revalorisations insuffisantes contenues dans l’avenant 1 à la convention nationale pharmaceutique.
Ajoutez à cela la lourdeur et la complexité des démarches administratives, la poursuite des pénuries de médicaments, le problème des ressources humaines pour une partie des officines, et vous obtenez un cocktail potentiellement explosif qui pourrait dégoupiller dans les prochains mois si aucune mesure forte n’est prise par les pouvoirs publics pour inverser cette spirale négative.
La sénatrice de Charente-Maritime, Corinne IMBERT, pharmacienne d’officine, nous avait fait l’honneur de sa présence. Dans son discours, elle a rappelé que le réseau officinal est un parfait exemple d’aménagement du territoire, tout comme l’accès aux soins. Elle a aussi listé les mesures importantes pour la profession contenues dans le PLFSS 2025, comme la reconnaissance du DP-rupture, les remises sur les médicaments biosimilaires et la réduction du délai d’avis de l’ANSM de 2 ans à 1 an pour la liste de substitution des biosimilaires.
Yannick NEUDER, ministre de la Santé et de l’accès aux soins a insisté sur l’importance du maillage pharmaceutique sur le territoire, et sur le rôle central de l’officine dans la vie sociale d’une commune, et en particulier des plus petites, qui constituent l’essentiel des communes en France. Il a mis en avant l’importance des pharmaciens en matière de prévention et de vaccination. A cet égard, il s’est également engagé à renforcer le rôle des officines dans la prévention cardiovasculaire, notamment via la possibilité pour les officinaux de prescrire les substituts nicotiniques, prérogative attendue par la profession depuis 2022. Il a estimé enfin qu’il est urgent de mieux communiquer sur les TROD angine et cystite auprès de la population.

TABLE-RONDE 1 : Des conseils à l’accompagnement personnalisé du patient
Christian SAOUT, Membre du collège de la HAS, a rappelé que l’exercice pharmaceutique français a toujours été très encadré, tant par les hautes autorités administratives que par les sociétés savantes. L’équilibre économique de la pharmacie est toujours périlleux et nécessite une adaptation permanente.
Corinne IMBERT a évoqué le sentiment des patients de ne pas être assez écoutés par les professionnels de santé. Or, les pharmaciens sont notamment reconnus pour leur capacité d’écoute et d’empathie. Il y a une relation de confiance qui s’est installée avec les patients. Mais le revers de la médaille pour le pharmacien, c’est que chaque mission prend du temps.
Charles WOLF, Directeur France de SANOFI, a indiqué que son laboratoire investissait de manière conséquente sur l’innovation pour participer au bien vieillir pour la population. Il a évoqué par exemple les travaux en cours sur la vaccination VRS, ou des combinaisons vaccinales entre le VRS et un autre virus pour éviter plusieurs vaccinations, avec les meilleures technologies pour chaque virus. Des travaux sont également en cours sur des systèmes de prévention des diabètes de type I, notamment chez les adolescents.
Valentin ROCHE, pharmacien dans le Rhône et membre de l’USPO, a lui mis l’accent sur les nouvelles missions, notamment les entretiens, qui sont là pour formaliser le travail qui était déjà effectué sur le terrain. Il constate que les entretiens femmes enceintes et opioïdes sont plus faciles à mettre en place que les entretiens asthme par exemple.
Bruno MALEINE, Président du Conseil central des pharmaciens titulaires d’officine de l’Ordre (section A), confirme que les nouvelles missions sont plus complexes. A cet égard, la formation est fondamentale pour avoir les bons réflexes au comptoir. Aujourd’hui, les pharmaciens ont ce rôle de prescripteur mais les patients ne le savent pas forcément.
Le sujet de la qualité est au centre des préoccupations de l’ensemble de la profession.
TABLE-RONDE 2 : De l’analyse pharmaceutique à l’optimisation du traitement

Pierrick BEDOUCH, Professeur en pharmacie clinique au CHU de Grenoble, a posé la cadre en expliquant en quoi consistait une intervention pharmaceutique, à savoir « toute proposition de modification de la thérapeutique en lien avec un/des produits de santé initiée par la pharmacie ». Les IP sont de la routine pratique. Ce n’est pas simplement du conseil, mais aussi et surtout de l’adaptation de la thérapeutique.
Pierre-Olivier FARENCQ, Directeur du centre d’appui aux situations d’urgence de l’ANSM, a estimé que l’enjeu est d’avoir à tous les échelons d’accompagnement du patient des procédures d’alerte et de suivi afin d’assurer une bonne efficacité. Il faut aussi former les pharmaciens sur les risques des médicaments hospitaliers dispensés en ville.
Pour Sophie KELLEY, Responsable du département des produits de santé CNAM, l’appropriation des TROD en officines se déroule bien : à date, 618 000 patients avaient été dépistés pour les angines. Les chiffres montrent que les objectifs ont été globalement atteints au regard de la cible épidémiologique initiale.
Pierre PRIBILLE, Directeur de la sécurité sociale, a insisté sur les atouts majeurs des pharmaciens : leurs missions, le maillage territorial et une forme d’accessibilité unique. Leur mode de rémunération a incroyablement évolué à la suite d’un dialogue avec l’Etat et l’Assurance maladie. Ce mouvement très structurant fait grandement évoluer la profession : de la marge productrice à une rémunération propre.
TABLE-RONDE 3 : Les nouvelles technologies au service de la santé : du gardien des poisons au pharmacien augmenté
Anne JOSSERAN, Présidente de la commission accès au marché du SNITEM (Syndicat National de l’Industrie des Technologies Médicales), a évoqué les différents types de dispositifs médicaux numériques (DMN) : DM classique, applications à visée thérapeutique, DMN de télésurveillance médicale, DMN de diagnostic, DM utilisés comme outils de dépistage, DM de suivi de l’observance.
Céline GAUTHIER-MAXENCE, doctorante en droit de la santé, a mis l’accent sur la dimension juridique des DMN, rappelant qu’ils doivent posséder un marquage C€ médical et un certificat MDR. Elle identifie deux enjeux majeurs : la protection des données de santé et la cybersécurité.

Ilan RAKOTONDRAINY, président de l’ANEPF, a utilement mis en lumière les carences en matière de formation sur les sujets numériques pour les étudiants, sachant que plus d’un tiers d’entre eux en sixième année s’estime non formé dans ce domaine, et notamment sur les DMN.
Sébastien LAGOUTTE, pharmacien en Saône-et-Loire et membre du Bureau national de l’USPO, a apporté son éclairage de terrain, dans la mesure où le pharmacien utilise tous les jours son logiciel de gestion à l’officine (LGO). Le back office permet de dégager du temps pour s’occuper du patient. Dans ce cadre, les DMN doivent s’intégrer mais ne pas supplanter l’analyse critique du pharmacien.
Enfin, Cyrille ISAAC-SIBILLE, député du Rhône, a insisté sur le rôle conséquent du numérique dans la coordination des professionnels de santé.
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